Lire, pourquoi lire ?

Chez mes grands-parents, il fallait travailler. Pas question de traîner au lit. Encore moins de rester allongé devant la télé, vu qu’il n’y avait pas de télé. Quand il y avait du calme à la maison, je m’installais à la cuisine avec un bon « Club des cinq ». Mais il n’était pas rare de voir débarquer mon grand-père avec une urgence de travail à faire. « Au lieu de perdre ton temps avec ton « Club des cinq », tu ferais mieux de venir m’aider à ramasser les pommes de terre… ».

Une fois terminé, je revenais à mon « Club des cinq ». Et là, c’était ma grand-mère qui m’attrapait avec un « Tu n’as rien d’autre à faire que de lire ? Tu crois que les lapins vont se nourrir tout seul ? »

Je sentais bien, à la maison, que lire n’était pas une bonne chose. Je sentais bien qu’ils n’aimaient pas. A la rigueur, le soir, lorsqu’il n’y avait plus rien d’autre à faire.
Un matin, de bonne heure, mon grand-père était planté à l’entrée du jardin et regardait le ciel. Je m’approchais.

Robert : - Qu’est-ce que tu es en train de faire ?

Pépé : - Je lis le ciel pour savoir s’il va pleuvoir.

Robert : - Ah bon, on a le droit de lire dans la journée ?

Pépé : - Bien sûr mon grand ! Quand ça sert à quelque chose. Je ne crois pas que ton « Club des cinq » me dira si je peux planter les haricots aujourd’hui.

Depuis, je n’ai plus d’ennui quand je lis. J’ai laissé le « Club des cinq » et je lis « L’encyclopédie pratique illustrée des jardins ». Et mes grand-parents me laissent à mes lectures utiles. Mais j’avoue que ça manque un peu d’action.